Manageuse, formatrice, label manageuse, conseillère métier, et fondatrice de plusieurs structures, Sarah Battegay endosse plusieurs rôles à la fois, et mène de front tous les projets qu’elle entreprend. Nous l’avons rencontrée en 2018 : nüagency a orchestré le community management du collectif Antiquarks, qu’elle manage, lors d’une tournée en Bolivie. Et nous avons remis le couvert en automne dernier pour la sortie de leur album « Lune Bleue ». Notre collaboration ne s’est pas arrêtée là, puisque nous sommes parties donner les formations « Musique et Stratégies Numériques » et « Communication web pour lieux et événements culturels » au sein de son organisme de formation à Lyon, Formassimo.
Source d’inspiration inépuisable, nous avions envie de partager avec vous son parcours professionnel, et elle a accepté de prendre un petit de temps pour répondre à nos questions. Bonne lecture 😉
Peux-tu nous présenter ton parcours et tes activités aujourd’hui ?
Avec plaisir ! Actuellement, je manage le collectif musical Antiquarks, je suis label manager du Label du coin et enfin formatrice et directrice de l’organisme de formation Formassimo. Ces activités sont toutes regroupées au sein d’une structure qui s’appelle Coin Coin Productions. Je suis également membre fondatrice d’Inouïe Distribution (distribution physique et digitale équitable créée par 5 labels indépendants et leurs artistes), consultante CRM pour Mascaron, une appli spécialisée dans la gestion de la relation client du secteur culturel. J’ai aussi l’honneur d’être mentore d’Adrien Sanchez Infante et Ouafa Mamèche, deux personnalités rares, lauréat.es du prix « Je choisis tout » de la première édition du prix La Nouvelle Onde.
J’ai commencé en 2005, à l’âge de 18 ans, dans le secteur de la musique juste en sortant du baccalauréat. Boostée par la rencontre avec Richard Monségu et Sébastien Tron, compositeurs, auteurs et fondateurs d’Antiquarks, nous avons monté Coin Coin Productions. En parallèle, je testais le logiciel Mascaron, créé par Sylvain Malleval, fondateur de Pop Soft. J’avais donc 20 ans en 2007 et je fais partie de la génération Y, les premiers « natifs numériques ». J’ai trouvé beaucoup de réponses sur le web. Je peux honnêtement dire que les moteurs de recherche sont mes meilleurs amis ! Cependant, c’est dans la real life avec des real humans que j’ai appris à poser les bonnes questions ! J’ai suivi des formations courtes sur des sujets pointus tel qu’en proposait l’IRMA ou la NACRE à l’époque. Je me suis aussi beaucoup investie dans des structures d’intérêt général pour le secteur tel que le GRADA (Groupement Rhône-Alpes des Développeurs d’Artiste, qui est devenu Grand Bureau, fédération des acteurs musiques actuelles Auvergne-Rhône-Alpes Spectacle Vivant) ou le syndicat des Musiques Actuelles. Ces temps réflexifs tant sur nos pratiques professionnelles de producteur que sur l’avenir du secteur m’ont énormément apporté professionnellement.
Tu as co-fondé l’organisme de formation Formassimo à Lyon. A quels besoins souhaitez-vous répondre grâce à cette structure ?
En 2010, après 4 années de test, le logiciel Mascaron est lancé sur le marché français. Pop soft a besoin d’une formatrice. Je donne entre 2010 et 2015 une trentaine de journées de formation par an dans toute la France auprès de structures culturelles qui intègrent ce logiciel de gestion de la relation client. La question informatique dans le secteur culturel est arrivée tardivement par rapport à d’autres mondes. Cet angle d’approche est hyper intéressant. La relation partenariale est cœur du secteur, la mutation numérique des structures que j’ai accompagnées a été une expérience très riche professionnellement. J’ai rencontré des organisations dans la danse, théâtre, la musique, le cirque, les arts de la rue, l’éducation populaire… des petites, des grosses structures. Lors de mes interventions, mon approche pédagogique a toujours fait le lien entre expertise technique et expérience de terrain dans le secteur. Et sans cesse, les apprenants me demandaient si je proposais d’autres programmes qui cumulaient cette même approche. M’expliquant que trop souvent, la formation professionnelle se positionnait sur des apports de connaissances trop peu liés à un contexte, un savoir-faire, des pratiques spécifiques au secteur.
C’est donc tous ces sujets que nous avons développés avec FORMASSIMO : la dimension d’appropriation d’outils techniques polyvalents (j’entends par là, à la fois des outils fiscaux, logiciels, intellectuels, …) dans le but de gagner en disponibilité pour le qualitatif et le stratégique. Nous nous entourons de formateur et formatrice expert dont avec lesquels nous sommes très fière de faire équipe. Proposer un moment hors norme dans une vie professionnelle. Des moments clefs qui nous permettent de franchir de grandes distances d’un coup.
Emily et Clara interviennent du 9 au 12 avril chez Formassimo, d’abord sur la formation « Musique et Stratégies Numériques », puis sur « Communication web pour lieux et événements culturels ». Pourquoi ces modules t’ont semblé pertinents à proposer ?
Le digital est aujourd’hui au cœur de nos pratiques professionnelles et de nos vies. Se rendre maître de ces outils permet de servir chacun de nos projets et d’améliorer la pertinence de notre travail quotidien. C’est un enjeu majeur. Nüagency a une approche et un background énorme avec une expertise et un recul. La qualité de formatrices de Clara et Emily est un mélange subtil de connaissance des outils et d’astuce ; sans oublier leur grande capacité d’adaptation aux différents stagiaires.
Tu manages depuis 14 années le collectif Antiquarks, avec lequel nüagency a travaillé lors de sa tournée en Bolivie (!) et de la sortie de l’album « Lune Bleue » (duquel est tiré le clip « Bob Marley est mort », absolument exquis). Peux-tu nous en dire plus sur ton travail de manageuse et Antiquarks ?
Richard et Sébastien sont des artistes hors normes. Ils sont multi-instrumentistes : batterie, percussions et chant pour Richard ; vielle à roue électroacoustique, piano, MAO pour Sébastien. Compositeurs prolixes, ils sont aussi orchestrateurs, arrangeurs et réalisateurs post-prod. Ils sont également directeurs artistiques du collectif Antiquarks. Ils sont très à l’aise et inventifs avec les collaborations artistiques hybrides qui mobilisent des chorégraphes, metteurs en scène, photographes, vidéastes.
Comme tu le vois, la pluriactivité est présente dans notre culture commune.Ils investissent le terrain de la transmission et travaillent sur la question du territoire et de ses habitants avec des projets de médiation entre création participative et pédagogie de la création.
Durant ces 14 années de coopération serrée, j’ai trouvé un modèle de production qui ressemble à leurs visions, leurs politiques artistiques. Le modèle du collectif, de la compagnie est le plus adapté car les artistes sont au cœur des outils de production. Nous avons créé ensemble une structure ambitieuse, où les enjeux artistiques sont autant politiques qu’esthétiques.
Tu es mentore dans la catégorie « Je Choisis Tout » pour la première édition du prix La Nouvelle Onde, qui met en avant les moins de 30 ans de l’industrie musicale. Comment envisages-tu ton rôle en tant que mentore et quels sont les éléments que tu as voulu transmettre aux lauréat.e.s : Adrien Sanchez Infante et Ouafa Mamèche ?
Le mentorat permet de créer une relation privilégiée avec des individus. Je considère la dimension personnelle et professionnelle dans une activité. J’espère apporter une aide individualisée, basée sur une maïeutique – parce que questionner sincèrement la pratique est déjà un très bon début – et la rencontre de personnes ressources. La rencontre avec Ouafa et Adrien m’apporte beaucoup, j’apprends d’eux lors de chacun de nos échanges.
Peux-tu révéler à nos lecteurs un conseil que tu as pu donner aux lauréat.e.s de La Nouvelle Onde 2018 ? 😉
Approfondissez vos connaissances ! La multiplicité des activités ne doit pas être au détriment de la précision de vos connaissances. L’imagination, la créativité et l’énergie est votre atout, mais ne négligez pas pour autant votre corps et votre santé !
Tu es également membre fondatrice d’Inouïe Productions, active au sein des éditions Pages et conseillère métier pour le CRM Mascaron : comment concilies-tu toutes ces activités différentes ?
L’ensemble de ces projets sont en fait tout à fait complémentaires et participent tous aux projets que je mène… Après il s’agit de bien s’organiser, et de s’écouter. Je suis en train d’apprendre à déléguer… C’est mon prochain défi !
Un dernier mot pour la fin ?
Merci à Emily, Clara et Maud pour leur confiance et l’éclairage sur mes projets. Elles sont des lumières rencontrées récemment !
Crédit photo : Matias Antoniassi
Vous pouvez suivre Coin Coin Productions, Antiquarks, Formassimo et le Label du Coin sur leur site Internet et tous leurs réseaux sociaux.