On a tous des souvenirs de cours de philosophie au lycée : ce qu’on sait moins, c’est que cette discipline s’applique à tous les aspects de notre réalité, que ce soit la culture de masse comme les séries télévisées ou les marques. …Et prof de philo, ça mène à tout, y compris le podcast et le premier festival en France dédié à ce format ! C’est le parcours de Thibaut de Saint Maurice, professeur de philosophie, auteur, chroniqueur et co-organisateur du festival du podcast natif, le Paris Podcast Festival,qui se tiendra à la Gaîté Lyrique, à Paris, du 19 au 21 octobre. Nous avons donc trouvé un moment dans le tourbillon de la préparation pour qu’il nous raconte son parcours (passionnant) et qu’il nous en dise un peu plus sur cet événement, gratuit et ouvert à tous, qui mettra à l’honneur ce nouveau format émergent, et les spécificités de cette nouvelle « culture de l’écoute ». Une interview fleuve parsemée de conseils et de réflexions sur l’avenir du podcast. Bonne lecture…
Pouvez-vous présenter votre parcours et vos différentes activités ?
Je suis Professeur de Philosophie depuis 15 ans… J’ai enseigné dans beaucoup de lycées différents, en Normandie, en Moselle, en Île-de-France… Et j’aime encore ce métier même s’il devient de plus en plus difficile : non pas à cause des élèves, mais du fait qu’on attend de lui des choses de plus en plus contradictoires…Et j’aime aussi pousser les murs de la classe et risquer la philosophie sur des territoires apparemment hostiles : la pop culture, les entreprises, les médias… J’en ai fait des livres, des conférences, dirigé une collection et maintenant un festival !
Vous présentez toutes les semaines la chronique « La Petite Philo » dans l’émission « Gand Bien Vous Fasse » d’Ali Rebehi sur France Inter. Comment en êtes-vous venu à la radio ?
Justement en amenant la philosophie sur le terrain de la pop culture. En 2009, j’ai fait un livre – Philosophie en séries – qui proposait des « lectures » philosophiques des séries télés les plus populaires du moment, de 24 heures Chrono à Desperate Housewives en passant par Lost ou Les Experts. Après les livres de Alain Carrazé et de Martin Winckler, c’etait une des premières fois que l’on s’intéressait d’aussi près à un produit de la culture de masse comme la série télé, en insistant sur sa dimension culturelle et réflexive. J’ai été invité plusieurs fois à en parler sur France Inter dans ces années là et puis c’est à partir de là que l’on m’a proposé de développer cet angle d’une philosophie en prise avec l’actualité et le quotidien sous la forme d’une chronique.
Vous co-organisez le Paris Podcast Festival qui aura lieu du 19 au 21 octobre à Paris. Quelle est la genèse de la création de cet événement ?
Il y a deux ans environ, je me suis fixé l’objectif de courir mon premier marathon ! Mais pour cela il faut passer du temps à s’entraîner et courir longtemps ! Et c’est comme cela que j’ai découvert tout cet univers du podcast natif – c’est à dire de contenus sonores exclusivement destiné au web et qui ne sont pas du replay d’un programme de flux – et mes oreilles n’en sont toujours pas revenues !
Avec mon ami Pierre Serisier, journaliste, auteur, blogueur, qui s’intéressait comme moi aux séries télés, nous avons créé une association avec l’idée de créer un évènement qui permette de présenter au grand public ces nouveaux formats et de valoriser le travail des auteurs. L’idée n’est pas complètement originale puisque les « podcast festivals » existent déjà aux États-Unis, en Angleterre, en Irlande…. On a donc voulu créer ce festival, en association avec l’agence Kandimari pour la production, pour transmettre au grand public ce goût pour cette nouvelle frontière du récit qu’est l’écoute.
A qui s’adresse le Paris Podcast Festival ?
A tous ceux qui aiment déjà le podcast natif et à tous ceux qui en sont curieux ! C’est un festival résolument grand public, familial même, pour découvrir, se rencontrer, mettre des visages sur ses podcasteurs préférés, apprendre à écouter des podcasts. Le festival a lieu à la Gaîté Lyrique, en plein coeur de Paris, dans un établissement ouvert sur la ville, du 19 au 21 octobre et est en entrée libre !
Que pourra-t-on retrouver lors de cet événement ?
C’est un format assez classique de festival, simplement on va tout faire pour émerveiller vos oreilles !
On y retrouve une compétition officielle des meilleurs podcasts de la saison passée, qui seront écoutés par un jury et pour lesquels 5 Grands Prix seront remis (Fiction, documentaire, conversation, création sonore et musicale, francophone). Et puis un prix du public, remis à travers les votes du public ! D’ailleurs profitez-en, la sélection est encore ouverte jusqu’au 10 septembre sur www.parispodcastfestival.com !
On pourra aussi assister à des enregistrements publics de podcast et « voir » donc en même temps qu’écouter un podcast en train de se faire !
Pendant tout le festival, dans l’auditorium de la Gaîté, le public pourra écouter des inédits ou des créations originales en sessions d’écoute collective. Il y a aura des fictions en son binaural, des documentaires, des investigations historiques et mémorielles… Bref, de quoi découvrir toute la richesse de ce nouveau média !
Le podcast est un média extrêmement porteur en ce moment et de plus en plus de créateurs de contenus, quels qu’ils soient, l’investissent. Quelques conseils à donner pour ceux que l’aventure du podcast tente ?
C’est vrai, chaque semaine il y a des nouveaux podcasts natifs en ce moment !
Le premier conseil c’est d’en écouter beaucoup et de se « faire l’oreille » pour apprendre à savoir ce que l’on aime ou pas, ce qui attire notre attention, ce qui nous semble fonctionner ou pas…
Ensuite il faut vraiment réfléchir à une écriture qui soit compatible avec le son et la voix. C’est évident mais dans un podcast tout passe par le son, c’est cette matière qu’il faut d’abord avoir envie de travailler pour que cela fonctionne.
Enfin et en même temps, il faut savoir précisément ce que l’on veut raconter sous cette forme là et pourquoi spécifiquement on veut le raconter sous cette forme là.
La grande tendance des enceintes connectées permet également de favoriser ce nouveau format. Cependant, la découvrabilité des contenus reste un enjeu majeur : quel est votre avis sur la question ?
Les choses en sont de ce point de vue au tout début. C’est l’une des grandes questions : est-ce que les enceintes connectées vont doper le podcast indépendant ou au contraire vont le tuer en le rendant invisible et inaudible ? C’est aussi pour cela que le festival existe : pour se poser ce genre de question et pour faire exister davantage une « culture de l’écoute » dont on souhaite pouvoir faire valoir la spécificité.
Mon intuition, c’est qu’il y a là une grande opportunité pour les auteurs et les créateurs et qu’il faut s’en emparer vite. En étant parmi les premiers et parmi les plus créatifs, on parviendra à tirer son épingle du jeu.
Et puis il faut aussi regarder du côté de ce qu’on appelle « les audiences captives ». C’est-à-dire du côté des constructeurs automobiles, les compagnies de bus, les compagnies aériennes qui réfléchissent en ce moment à de la production de contenu audio original pour enrichir leur offre. Là aussi il y a un beau potentiel de développement !
Un dernier mot pour la fin ?
Oui, un dernier mot pour les partenaires de l’évènement, qui sont vraiment formidables et qui prennent le risque de soutenir un festival sur des contenus aussi émergents !
Audible, Havas Paris, Moustic the Audio Agency, Wix, Target Spot, l’agence Kandimari à la production et puis les sociétés d’auteurs la SCAM et la SACEM, ce sont tous, sur ce festival, des partenaires de conviction, pour qui l’audio digital en général et le podcast natif en particulier sont de véritables passions. C’est grâce à eux que le festival est possible et que l’on va pouvoir inviter le grand public à découvrir cette nouvelle culture de l’écoute.
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