L’été : le temps des voyages, des rencontres, du dépaysement. Le moment le plus propice à regarder les autres vraiment, le monde autrement et à se laisser tenter par l’exploration de l’inconnu par des chemins de traverse impromptus. On parie que vous apprendrez forcément quelque chose en lisant cette #nufocus de Fabienne Bidou, la lumineuse Directrice du Réseau Zone Franche, qui a si gentiment pris le temps de répondre à nos questions avant son départ pour de nouvelles aventures. Une chose est sûre : vous ne verrez plus les musiques du monde comme avant !
Peux-tu présenter le Réseau Zone Franche et ce que tu y fais ?
Zone Franche est une association qui fédère environ 150 acteurs des musiques du monde. Le choix de se penser et fonctionner comme un réseau a été fait dès les origines, il y a 25 ans. Il s’agit, à partir de la diversité des métiers de la musique qui sont représentés, de construire une cohérence de représentation et d’action. J’ai pris la direction de Zone Franche il y a un peu plus de 3 ans, car la double dimension, professionnelle et politique du projet, me passionnait. Vu que l’équipe opérationnelle est réduite (3 personnes pour 2,5 ETP), nous sommes tous très polyvalents. Cela peut être éreintant mais la routine ne fait pas partie de notre vocabulaire. Il faut toujours mettre en oeuvre de nouveaux projets, être sur le qui-vive par rapport à notre environnement, et ce à une échelle mondiale. Il faut être un peu intello et un peu Mac Gyver en permanence !!!
Qu’est-ce que la ou les musiques du monde pour toi ? Quelques exemples d’adhérents qui permettraient de déconstruire le cliché marketing ?
Au fil du temps et des changements, notamment liés à la globalisation, la notion de musiques du monde a évolué de la désignation d’un « genre » vers ce que je perçois aujourd’hui plus comme un état d’esprit. Désormais, nous mettons en lumière ce qui est commun, depuis les musiques traditionnelles jusqu’aux musiques urbaines, à savoir le caractère dynamique de musiques qui n’ont de cesse de se féconder les unes par les autres, de se réinventer dans les interprétations d’artistes, d’intégrer des lutheries modernes etc., de l’amplification à l’électronique. La dimension du voyage est une constante en musique, il s’agit d’en révéler la permanence et la beauté. La question de la diversité musicale, d’une égale reconnaissance, tant sur le plan culturel qu’institutionnel, de toutes les musiques, est au coeur de notre projet associatif, unifié autour d’une charge de valeurs. Celle-ci est un préalable à toute adhésion, et peut être signée par toutes celles et tous ceux qui, à travers leur engagement professionnel, artistique ou politique, se reconnaissent dans ces valeurs. La question de la coopération, et de la nécessité de promouvoir la libre circulation des artistes en est un des fondements. Dès l’origine, l’axe de travail Nord-Sud a constitué une colonne vertébrale du réseau, un élément toujours saillant de nos actions, même si depuis, nous avons commencé à travailler à une ouverture encore plus grande, ouverture freinée par la fragilité de nos moyens, humains et budgétaires.
Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour amener nos institutions, culturelles et politiques, à repenser des modèles qui renvoient les musiques non écrites, extra-européennes ou non, soit à l’underground, soit au marché, en les privant de l’accès aux aides publiques à la création. Les artistes et leurs producteurs sont donc obligés de concevoir leurs projets selon des logiques trop exclusivement économiques, l’économie des productions est tendue, les conditions de rémunérations des artistes extrêmement précaires. Leurs légitimes désirs d’invention en sont souvent contrariés. Mais cela les rend d’autant plus imaginatifs quant aux solutions à trouver. Nos adhérents sont pour la grande majorité d’entre eux des micro-entreprises, à but non lucratifs bien souvent.
A vrai dire, quelques succès, historiques ou récents, font écran à la diversité des projets, des expérimentations, des innovations esthétiques, que l’on rencontre dans ces musiques. Elles ont un caractère bien trempé, tourné vers l’avenir, extrêmement joyeux et pugnace !
Quels sont les avantages réservés aux adhérents du Réseau ? Et quelles sont les modalités/la marche à suivre pour en faire partie ?
Rejoindre notre réseau implique avant tout d’en partager les valeurs, de vouloir être plus fort ensemble pour les faire exister dans la filière musicale et plus largement. La procédure est simple, il suffit de passer par notre site. Les demandes d’adhésion sont ensuite validées par nos instances, qui vérifient le caractère professionnel (nous sommes très attentifs aux respects des règles sociales, de rémunération et de déclaration des artistes par exemple). Le réseau met alors au service de ses adhérents des outils de visibilité, économique (présence sur les marchés internationaux) ou médiatique (annuaire, qui est désormais 100% électronique avec notre nouveau site). Un réseau, c’est aussi un vivier de compétences et de savoir-faire, les échanges entre les adhérents sont particulièrement utiles et productifs.
Zone Franche a récemment lancé son nouveau site internet et fait un super come-back sur les réseaux sociaux : quelles envies et quels besoins à l’origine de cette décision ?
Déjà donner une autre visibilité à nos adhérents, en remplaçant l’annuaire papier par une plateforme consultable aux quatre coins du monde, à tout moment et proposant de nouvelles fonctionnalités (extractions ciblées pour les utilisateurs extérieurs, mise en ligne de supports audiovisuels etc.). Les relais d’information classiques sont essoufflés et se sont raréfiés, les prescripteurs ne sont plus les mêmes, les réseaux sociaux ont bouleversé la donne médiatique. Nous avons voulu mettre en place un système d’information plus connecté, réactif. Notre site est le reflet de ce que nous sommes : un réseau professionnel, qui fait et qui pense. Donc, le site est essentiellement organisé autour de l’annuaire, et d’une partie éditoriale importante, en terme d’actualités et de ressources.
Si tu avais une chose à rajouter, quelle serait-elle ?
One love !
Retrouvez le Réseau Zone Franche en ligne sur le site internet (tout beau, tout chaud) www.zonefranche.com ou sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram et YouTube.
