Parce que la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité – Rencontre avec Louise Robert du collectif Des Liens

Parce que la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité.

Ces premiers mots décrivent le projet du collectif d’artistes Des Liens, initié en 2016 par l’artiste Dominique A : un projet qui a pour objectif d’ouvrir les salles de spectacles et d’organiser des rencontres artistiques pour les personnes en situation de précarité. Une belle initiative dont nous avons eu à cœur de partager ! Nous avons donc rencontré Louise Robert, « slasheuse » dans l’univers de la culture et notamment membre de l’équipe de coordination du collectif. Elle nous parlé de son métier, des prochaines actualité du collectif Des Liens, des artistes et puis de la culture, comme un moyen de rassembler les gens et de faire avancer le monde.

Francofolies, FGO Barbara, ATLA, Rencontres de la Radio 2.0… Vous avez un parcours professionnel très riche : qu’est-ce qui vous anime dans cet environnement ?

C’est un environnement qui m’anime depuis très longtemps et c’est vite devenu une évidence d’y trouver un contexte professionnel. Ce qui me plaît, c’est de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes et de nouveaux projets artistiques, chaque jour. Comme beaucoup d’entre nous, je suis une « slasheuse », j’ai donc plusieurs slashs à mon clavier. Il y a quelques mois, j’ai fait le choix de l’indépendance pour explorer d’autres manières de travailler, avec ce souhait assez fort de croiser les secteurs et de répondre à des enjeux de société (éducation, environnement, mutualisation, droits culturels, etc.).

Pouvez-vous présenter le collectif Des Liens et ce que vous y faîtes ?

Si je reprends les mots de Dominique A, à l’initiative du collectif, c’est un « collectif d’artistes musiciens, d’acteurs culturels et sociaux qui, dans plusieurs villes françaises, se proposent d’agir localement pour que les salles de spectacle s’ouvrent davantage aux personnes en précarité, et que des rencontres avec des artistes soient initiées. » Aujourd’hui, cela prend différentes formes, en fonction des acteurs et des villes. Rien n’est figé ! L’idée est simplement de rétablir un peu de lien entre les personnes, dans une société toujours plus inégalitaire et excluante.

A titre personnel, j’ai rejoint le collectif pour soutenir l’équipe coordination (sur Paris notamment) et je gère la page Facebook.

Des Liens a été lancé à l’initiative de l’artiste Dominique A à la suite de l’émission Foule Sentimentale de France Inter. Comment l’idée a-t-elle germé et finalement pris forme ?

C’est né d’une sollicitation de l’association « Les sorties solidaires », à son retour sur Nantes, qui permet d’acheter sa place de concert plus chère pour en faire bénéficier à une personne en difficulté et aussi, d’une rencontre avec André Lebot, responsable d’un restaurant social. A titre personnel, il s’interrogeait aussi sur les personnes qui venaient le voir en concert et le manque de diversité des publics. Il en parle justement très bien dans cet article de Ouest France que je vous invite à lire.

Le collectif a pris forme à la suite d’un appel aux artistes et aux acteurs culturels, lancé en décembre 2016 dans l’émission Foule Sentimentale de Didier Varrod, sur France Inter. Des projets ont alors débuté sur Nantes, Bordeaux, Rouen et Paris.

Qui sont les artistes qui font partie du collectif Des Liens à ce jour ?

Ils sont nombreux et nous espérons que d’autres s’inscriront dans cette démarche ! Le collectif est ouvert à tous types de musiciens et d’artistes.

Sur Rouen, il y a La Maison Tellier (référent), Nord, Lucien et les arpettes, le tout coordonné par Pierre Lemarchand. Sur Nantes, il y a donc Dominique A (référent), Das Kino, Stranded Horse, il y a également eu un collectif de dessinateurs sur le premier temps fort à Stéréolux, avec le soutien d’Amélie Sadoc sur la coordination. Sur Bordeaux, il y a Romain Humeau (référent), Krazolta, Cocoon et Guillaume Sciota qui gère de la coordination. Sur Paris, il y a Pascal Bouaziz (référent), La Grande Sophie, Achille, K !, Maissiat, Sam Cajal, Lou et Mahut, et Emmanuelle Segura (coordinatrice nationale) et moi-même sur la coordination.

Quels sont les prochains événements et les prochains projets Des Liens à venir en France ?

D’autres villes devraient bientôt rejoindre le collectif et proposer des actions « Des Liens » : Toulouse, Laval et Marseille….

Concernant les prochains événements sur 2018, sur Paris, le partenariat avec le centre Louvel-Tessier se poursuit, avec des ateliers menés par Achille, La Grande Sophie et Elodie Milo, en vue d’une restitution publique avec les résidents début juin.

D’autres projets sont à venir également avec l’Association de Solidarité avec les Mineurs Isolés Etrangers, avec Pascal Bouaziz. Sur Nantes, un apero-concert est prévu fin mai avec le CCAS Rezé et quelques projets se montent avec des maisons de quartier. Sur Bordeaux, des actions culturelles vont prendre forme dans des lieux sélectionnés par Cultures du Cœur, l’un de nos partenaires (et réseau qui connaît actuellement des difficultés suite à la fin des contrats aidés). Sur Rouen, des ateliers d’écriture sont menés les vendredis après-midi dans divers foyers d’accueil de l’agglomération, tous gérés par l’association Emergence(s). Chaque mois, les équipes du Trianon Transatlantique (Sotteville lès Rouen) et du Théâtre Charles Dullin (Grand Quevilly) continuent de rencontrer les résidents des Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile  e Oissel et Grand Quevilly afin de les inviter sur des spectacles et de partager des moments humains. Il y a aussi la préparation d’un concert, pour fin mai…

Beaucoup de choses donc… que nous relayons au fur et à mesure des avancées sur notre page Facebook.

Comment le grand public et les professionnels peuvent-ils soutenir cette initiative ?

Le grand public peut soutenir le projet en venant aux concerts organisés dans les différentes villes et de plus en plus, organisés au sein des centres pour un rendu des ateliers qui ont été menés auparavant. Sur certaines dates, il est aussi possible de participer à une billetterie solidaire (vous décidez de donner un peu plus pour permettre d’acheter des places de concert à des personnes qui n’ont pas cette possibilité).

Concernant les professionnels, cela peut prendre différentes formes mais pour ce qui est de construire des choses ensemble, il y a généralement un « triptyque » : un acteur culturel, un acteur social et un -ou plusieurs- artistes qui mettent en place une action sur un territoire. Le collectif est là pour faire le lien entre tous ces acteurs qui ne se seraient pas rencontrés autrement. Ensuite, ils peuvent être tout à fait autonomes sur le contenu, sa mise en place et sa fréquence. Nous ne nous substituons pas à ce qui existe déjà, nous souhaitons simplement pouvoir impulser des collaborations entre acteurs.

D’autres initiatives éco-responsables ont-elles été initiées pour favoriser l’accès à la culture au plus grand nombre ?

Pour favoriser l’accès à la culture, je crois qu’il y en a toujours eu et il y en aura toujours… La Culture a un rôle important à jouer dans toute société et les disciplines artistiques ont cette faculté à créer de la cohésion entre les personnes. Si je prends l’exemple de la musique – que je connais mieux – il n’y a pas de barrières et c’est quand même un superbe levier pour faire des choses aujourd’hui ! Sur les concerts que nous avons organisés sur Des Liens, les artistes chantent en français et même si certaines personnes dans le public ne maitrisent pas la langue, il se passe quelque chose ! Des sourires se dessinent et les corps bougent. On créé une parenthèse et une rencontre joyeuse entre les personnes… Or aujourd’hui, on semble oublier que c’est nécessaire pour chacun !

Du côté de l’éco-responsabilité dans le domaine Culturel, il y a aussi des entrepreneurs qui bousculent les habitudes et c’est très inspirant de suivre cela. Je pense notamment à Pikip Solar Speaker : des enceintes solaires et complètement autonomes… avec un son de haute qualité !

Un dernier mot pour la fin ?

Pour commencer, merci. Et ensuite, je pense que nous vivons une période un peu charnière dans le domaine professionnel. On évoque peu le gâchis de talents mais, il représente 74% en France, selon une étude menée par Ticket For Change et Occurrence. Cela concerne aussi le domaine culturel qui est certes, un milieu passionnant mais qui peine parfois à se renouveler. Il y a de réelles opportunités à créer et de réels besoins auxquels nous devons répondre : le bien-être au travail, l’égalité femmes-hommes, la mutualisation entre acteurs et projets… C’est aujourd’hui ce qui m’anime et si vous souhaitez aussi répondre à ces enjeux, discutons-en !

Vous pouvez suivre le collectif Des Liens sur leur site Internet et sur Facebook.

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