Rencontre avec Daniel Findikian, directeur et fondateur de l’EMIC

L’industrie musicale a été largement bouleversée par le numérique, et par la même occasion, la formation et le recrutement des jeunes talents. Au MaMA 2017, Emily, formatrice, maître de conférences à Paris-Sorbonne et enseignante à l’EMIC a été conviée à une table ronde précisément sur ce sujet

Peux-tu te présenter, ton parcours et comment tu en es venu à créer l’EMIC ?

Passionné de musique, j’ai eu la chance d’en faire mon métier depuis plus de vingt ans mais aussi d’être acteur de la formidable mutation de l’industrie de la musique vers l’ère numérique. Après une école de commerce, j’ai commencé ma carrière dans le label Polydor chez Universal comme chef de projet marketing et ensuite responsable marketing. J’ai ensuite rejoint Sony Music en 1998 comme directeur adjoint du label SMALL. En 2003, j’ai quitté Sony Music pour créer Garine, mon label, découvrir et développer des artistes que j’aime. J’ai ensuite développé une activité de conseil. A ce titre, j’ai accompagné SFR en tant que consultant pendant un an sur le lancement de l’offre musique sur la 3G. J’ai rejoint le label VIRGIN chez EMI en 2004 comme directeur marketing. Dès 2005, l’industrie de la musique – première des industries créatives à être transformée par la « révolution digitale » – a du faire face à de nombreux changements. Dans ce contexte particulier, j’ai pris la direction du département « nouveaux business et nouvelles technologies » d’EMI France en 2006 pour développer les nouvelles sources de revenus et le chiffre d’affaires numérique. J’ai été acteur de la transformation des business modèles et contribué à diffuser la culture digitale au sein d’EMI pendant 7 ans.

Dès 2012 , j’avais la certitude que le marché de la musique avait mangé son pain noir, il était en train de finir sa mutation, et on allait vers une période de croissance. On allait faire de nouveaux recrutements mais avec des organisations et des profils différents de ceux des années 2000. Je trouvais qu’il n’existait pas de formation spécialisée, pointue et performante, qui allie « hard skills » et « soft skills » Alors je me suis dit : je vais monter la formation qui permettra au secteur de recruter des têtes bien faites et passionnées. J’avais déjà un peu un goût et une expérience pour l’enseignement : j’enseigne à l’ESSEC dans la chaire Media & Entertainment depuis 2011.

En fait, j’ai fait la formation idéale que j’aurai bien aimé faire à 22 ans quand je rêvais d’aller bosser dans la musique. Pendant 3 ans, j’ai été hébergé dans une école de commerce parisienne. Et puis, j’en suis parti, j’ai quitté EMI en 2014 et en même temps j’ai rencontré deux personnes, Bernard Sizey et Thomas Grellier, -qui sont devenus mes associés – qui avaient une expérience similaire à la mienne dans le domaine du jeu vidéo : ils avaient du mal à recruter des profils adaptés à leur filière. On partageait les mêmes valeurs et la même envie de former les jeunes. C’est comme ça qu’est née l’Ecole de Management des Industries Créatives en 2016, après un long parcours du combattant qui consiste à se mettre en règle avec les nombreuses lois et contraintes administratives, et obtenir les agréments nécessaires. En Septembre 2017, on a fait notre deuxième rentrée avec 47 étudiants répartis sur 3 classes.

Peux-tu présenter l’EMIC, les cursus qu’elle propose et quelle a été ta démarche à chaque étape ?

La démarche, c’est de créer la meilleure formation opérationnelle pour permettre notre mission première : l’employabilité.

Au départ, j’ai imaginé la pédagogie et les cours nécessaire, soit 450 heures de cours pour avoir une formation complète et opérationnelle. Ensuite, j’ai recruté chaque prof et discuté de tous les plans de cours avec eux, pour avoir un équilibre et une cohérence globale. Puis Thomas a fait de même sur le MBA 2e année Jeu Vidéo et Bernard également sur le MBA 1ere année industries créatives.

Notre approche est centrée sur l’apprentissage par la pratique et le développement des « soft skills », les qualités humaines et relationnelles nécessaires pour évoluer dans le secteur des industries créatives.

Au fur et à mesure, j’ai amélioré le programme pédagogique en supprimant ou des cours au gré des évolutions des métiers de la filière. Il faut s’adapter tous les ans car les compétences professionnelles à acquérir changent vite !

Nous formons à tous les métiers de management pour la filière musicale et pour la filière du jeu vidéo. Le cursus peut se faire en 1 an ou en 2 ans.

Une classe de MBA (niveau master 1) « généraliste » Industries Créatives ouvert au BAC+3 (sélection sur dossier puis ensuite entretien avec jury de 3 personnes)

Une classe MBA 2e année (niveau master 2) Industries Musicales

Une classe MBA 2e année (niveau master 2) Industries du Jeu vidéo

Sachant que les étudiants peuvent rentrer en 2e année directement s’ils ont un BAC+4 ou BAC+5 et s’ils passent nos sélections !

Nous faisons une sélection approfondie des candidats (dossier et entretien) que nous passons au crible des 4 valeurs de l’école :

PASSION : pour le secteur concerné, c’est le garant premier de la motivation

SINGULARITÉ : Nous voulons des profils singuliers, nous ne voulons pas de faire les mêmes clones, les mêmes profils, d’autant plus que la diversité dans une classe apporte beaucoup au collectif

ENGAGEMENT : Nous voulons des jeunes « engagés » et avec un haut niveau d’exigence, pour eux mais aussi pour les autres

HUMILITÉ : On ne veut pas des jeunes qui aient le « melon », on ne sauve pas des vies tous les jours… on est juste dans l’ « entertainment » : il faut garder les pieds sur terre

Quel regard portes-tu sur le numérique, et son impact sur les industries créatives ?

Le numérique a changé le marketing et la promotion, les modèles économiques, les relations artistes-fan, les relations avec les retailers d’un coté et les médias de l’autre… Bref, une vraie transformation de fond.

Les acteurs de la filière (producteurs, tourneurs, éditeurs etc) ont évolué vers un modèle de sociétés industrielles à un modèle de sociétés de services
Pour transformer, il faut former et il faut adapter les formations, ce que nous faisons tous les jours.

En termes de pédagogie, l’EMIC revendique le « learning by doing » ; peux-tu nous en dire plus ?

C’est dans le « faire » que nos étudiants s’épanouissent.

Dans le triptyque indiscutable de l’enseignement : Savoir, savoir-faire, savoir-être, l’EMIC se concentre sur le savoir-faire et le savoir-être. Le savoir-faire EMIC met la pratique et l’expérience au premier plan. Nous pensons qu’on ne peut apprendre qu’en faisant, car comme le dit Aristote : « si vous pensez que vous savez, vous n’avez pas la certitude jusqu’à ce que vous ayez essayé.»

A l’EMIC, vous avez choisi de ne travailler avec une équipe pédagogique composée uniquement de professionnels. Pourquoi ce choix ?

C’était une évidence pour moi. Pour l’acquisition des compétences professionnelles par la pratique (notre crédo), j’avais besoin des meilleurs professionnels, chacun dans leur domaine. Les professionnels sont le garant d’un niveau d’expertise métier. Nous venons du monde professionnel et pour nous il n’y avait pas d’autre choix possible.

Un dernier mot pour la fin ?

J’aime l’idée de transmettre la passion du métier aux jeunes qui vont prendre la relève.

Je suis très attaché à cette filière musicale dans laquelle j’évolue depuis plus de 20 ans avec une passion intacte. Je veux modestement contribuer à la faire évoluer dans le bon sens en formant des jeunes qui vont entrer dans cette filière et changer la donne. Les jeunes qui sortent d’EMIC rentrent sur le marché et vont connaitre une fantastique période de croissance du marché de la musique. Toutes les cartes sont rabattues. Tout est possible. Je pense que c’est ce qui se passe actuellement est très excitant.

Retrouvez toutes les informations sur l’école et les cursus sur le site internet de l’EMIC. La prochaine réunion d’informations se déroulera le jeudi 7 décembre prochain à 18h.

 

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