C’est à l’Est qu’on se retrouve aujourd’hui. En octobre et novembre, nous intervenons sur trois journées de formations dédiées aux réseaux sociaux (YouTube, Intagram, TikTok et Facebook) pour les membres de La Plateforme Artefact, artistes ou structures culturelles, accompagnés par ce dispositif inédit à Strasbourg. A cette occasion, nous avons donné la parole à Fanny Kammenthaler, responsable accompagnement, pratiques amateurs, actions culturelles et pédagogiques d’Artefact PLR – La Laiterie. Elle présente la structure et ses différents piliers, nous parle d’accompagnement et de structuration, à Strasbourg et en Alsace ! Un entretien bourré de ressources et ancré dans son temps et son territoire. Bonne lecture.
Peux-tu présenter ton parcours et ce que tu fais aujourd’hui ?
Comme beaucoup dans notre milieu, le chemin qui m’a mené à travailler à La Laiterie n’a pas été le plus direct ! J’ai toujours été passionnée par la musique et la danse. J’ai fait de l’orgue, de la guitare, du chant lyrique, de la danse hip hop et contemporaine, j’ai organisé des concerts, j’étais présidente d’une association de chanteurs lyriques, j’ai porté un spectacle alliant opéra et danse hip hop, j’étais dans un groupe hip hop / drum&bass, puis en lead dans un groupe folk/rock. A côté de ça, je suis aussi naturaliste depuis le lycée et c’est cette voie que j’ai choisi pour mes études : DUT Hygiène Sécurité Environnement, Master 1 Gestion des Systèmes Écologiques, Master 2 Intelligence Territoriale. Après avoir travaillé pendant 10 ans dans la protection des ressources en eau et une expérience dans l’aide au développement à Madagascar, j’ai entamé une reconversion professionnelle, j’avais envie de nouveaux challenges.
J’ai travaillé en tant que chef de projet sur la définition de politiques culturelles, puis sur des missions relatives aux musiques actuelles. En 2019, j’ai intégré l’association Artefact PRL en tant que responsable accompagnement, pratiques amateurs, actions culturelles et pédagogiques. Je travaille donc sur le projet artistique et culturel de La Laiterie, j’anime le dispositif d’accompagnement des artistes strasbourgeois et de l’entourage d’artistes (labels, producteurs, éditeurs…) et je monte diverses formes d’actions pédagogiques et de transmission avec les associations partenaires et établissements scolaires. Sinon, je viens de me mettre à la guitare électrique !
Quelles sont les différentes activités d’Artefact aujourd’hui ?
Artefact c’est trois piliers : la salle de concert strasbourgeoise La Laiterie, La Plateforme Artefact et le festival d’arts numériques L’Ososphère.
La Plateforme Artefact est un espace d’émergence culturelle qui propose des modules d’accompagnement (workshops, formations, master class, entretiens conseils…) ainsi que des locaux de création et de travail aux professionnels de la musique (labels, tourneurs, managers, éditeurs…) et artistes strasbourgeois quel que soit leur niveau de développement. En plaçant les projets artistiques au cœur du dispositif, un intérêt particulier est porté à l’émergence et à la découverte de nouveaux talents, à l’innovation et à la qualité artistique. Ce dispositif d’accompagnement est assez singulier en France, il s’adresse à l’ensemble des artistes amateurs ou professionnels du territoire, avec un dispositif plus poussé dédiés aux « résidents » de la Plateforme, c’est-à-dire ceux qui ont des studios et/ou des bureaux en accès libre pour une durée d’un an minimum. Ainsi, en proposant des studios de création et de répétition, des espaces de coworking, des résidences, des modules d’accompagnement de pratiques artistiques et de professionnalisation, Artefact a contribué à l’émergence au niveau national et international de nombreux acteurs de Strasbourg comme Last Train, Lyre le Temps, Dirty Deep, etc.
En 2021, Artefact a été labellisé Fabrique de Territoire par le Ministère de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales. En résumé, le site de La Laiterie est reconnu pour être un lieu du lien social, de l’émancipation et de l’initiative collective. En effet, les activités d’Artefact permettent de créer, de transmettre, de former, de coopérer, à travers l’activation de La Plateforme et de nouveaux dispositifs.
Selon toi, quelle est la particularité de la scène strasbourgeoise ?
Contrairement à d’autres villes françaises, Strasbourg n’est pas réellement identifiée comme une ville musicale et quand on nous colle une étiquette c’est souvent celle du métal. C’est vrai que dans l’Est de la France, il y a pas mal de groupes métal et de bons. Je trouve la scène strasbourgeoise très éclectique : on a une scène électro très dynamique avec de jeunes talents très prometteurs, niveau rap ça bouge beaucoup aussi, quelques projets jazz qui sortent du lot, ou encore toutes les déclinaisons du rock avec de belles pépites.
La question COVID-19 : nous sommes retourné.e.s à une activité (presque) normale. Comment avez-vous vécu cette période au sein d’Artefact et selon toi, quels sont les enjeux de la reprise ?
Chez Artefact nous avions une expression qui a traversé cette période : « Quoi qu’il arrive ». En fait, dès qu’on parlait de nos projets entre nous ou avec des partenaires, on a remarqué que cette expression revenait sans cesse. Et c’est devenu notre mot d’ordre. Quoi qu’il arrive, on programme des concerts. Quoi qu’il arrive on maintient La Plateforme ouverte. Quoi qu’il arrive, on organise des actions avec les publics. Ça nous a permis d’avoir un cap, de toujours garder le sens au cœur de nos actions et de rester fidèle à qui nous sommes.
Selon moi, et le prisme de mes activités d’accompagnement et d’action culturelle, un des enjeux de la reprise est de réussir à soutenir les artistes malgré un embouteillage au niveau de la diffusion ainsi que de renouer avec les publics que nous n’avons pas pu voir pendant une trop longue période.
Artefact a mis en place un dispositif de soutien et accueille à ce jour 43 projets artistiques et 15 structures de développement (labels, éditeurs, producteurs…). Quelle est la genèse de ce projet ?
L’ambition première de La Plateforme Artefact a toujours été de favoriser la création artistique. Par exemple, les studios sont en accès libre 7j/7 et 24h/24 pour les résidents, de manière à adapter la logistique au rythme des tournées. L’idée d‘accueillir des structures de développement est partie du constat qu’un projet artistique est dans la majorité des cas entouré de professionnel.le.s de la musique (tourneur, producteur, éditeur…). Le dispositif d’accompagnement en tant que « résident » est accessible sur candidature pour une durée minimum d’une année. Certains projets sont là depuis 10 ans d’autres depuis quelques semaines ce qui permet des échanges, de l’entraide et des collaborations intéressantes.
Le réseau Grand Est, Grabuge, a été créé il y a un an. Peux-tu nous présenter ses missions et ce que tu y fais ?
Les missions du réseau sont de favoriser les actions et l’interconnaissance des acteurs, de produire de la ressource, d’informer, et globalement de soutenir le développement de la filière et sa visibilité. Je suis administratrice de Grabuge, référente de la commission Observation, Ressources et Information, et je participe aussi à d’autres commission en lien avec mes missions chez Artefact. L’intérêt de rejoindre le réseau réside principalement dans l’interconnaissance et la co-construction. Une bonne connaissance de son territoire est primordiale pour avoir une action pertinente et efficiente, quel que soit le domaine d’action. Participer aux commissions c’est aussi un moyen d’être actifs dans la construction d’actions collectives et de mettre à profit l’expérience et les compétences de chacun dans une logique de coopération.
Nüagency organise trois journées de formation en octobre et novembre pour les artistes accompagnés par Le Laiterie, sur YouTube, TikTok, Instagram, Facebook et la publicité. En quoi ces outils vous ont-ils paru indispensables à aborder ?
Des milliers d’artistes indépendants parviennent à vivre de la musique en utilisant efficacement ces outils à leur disposition. Ça fait donc parti des bagages indispensables pour les artistes et leur entourage. De plus, l’accompagnement à La Plateforme Artefact est réalisé sur mesure en interrogeant les résidents sur leurs besoins. C’est donc eux qui ont choisi les thématiques dans le détail.
Un dernier mot pour la fin ?
Et Merci !