Twitter et Instagram comptent actuellement parmi les réseaux sociaux les plus populaires.
Twitter, le plus ancien des deux, est de plus en plus intégré à la vie quotidienne des Français : les médias font leur veille sur le réseau, identifié comme la véritable caisse de résonance de la société française en temps réel et les émissions télévisées comptent de plus en plus dessus pour prolonger l’impact de leur programmes sur le net.
Courant décembre 2014, Instagram a revendiqué 300 millions d’utilisateurs actifs dans le monde, dépassant les 284 millions de Twitter à la même période. Ainsi, le cadet des deux réseaux enregistre une croissance fulgurante avec une audience qui a augmenté de plus de 50% en seulement neuf mois. De plus, malgré une audience 10 fois inférieure à celle de Facebook, le taux d’engagement des utilisateurs est 60 fois supérieur sur Instagram.
Mais au fond, qu’est-ce qui différencie fondamentalement les deux réseaux ?
Car Twitter et Instagram sont tous deux des réseaux sociaux qui fonctionnent sur le même double principe : la possibilité de s’abonner à des comptes dignes d’intérêt sans processus d’autorisation de leur part et celle interagir d’un clic avec n’importe quelle publication de son choix (cœur, favori, retweet).
Sans compter les efforts déployés par chacune des plateformes pour ne pas se faire distancer par sa concurrente qui ont entraîné une uniformisation des fonctionnalités. Twitter a rajouté des filtres et outils de mise en forme sur les photos chargées via son appli, Instagram a introduit une fonctionnalité vidéo calquée sur le modèle de Vine (appartenant à Twitter) et a repris à bon compte l’utilisation de #hashtags et la possibilité de mentionner d’autres comptes…
La très rude concurrence à laquelle se livrent Instagram et Twitter est à des années-lumière des synergies que les deux plateformes avaient pourtant mises en place à leurs débuts (partages de photos Instagram sur Twitter encouragés, liens Instagram intégrés à Twitter).
Le critère du nombre d’utilisateurs est-il vraiment le plus pertinent pour comparer Instagram et Twitter ?
Si les deux réseaux fonctionnent selon le même double principe évoqué plus haut et que leurs fonctionnalités ont fortement tendance à s’uniformiser afin de rester dans la course, leur vocation respective rend une comparaison de leur nombre d’utilisateurs assez vaine voire absurde. A moins d’établir une corrélation assez hasardeuse au final entre nombre d’utilisateurs et popularité/utilité.
Car, Twitter est la toute première plateforme de micro-blogging sociale en circuit ouvert et c’est surtout un réseau de partage d’informations. Le format de 140 caractères oblige à aller à l’essentiel. Que ce soit pour faire de la veille ou s’informer rapidement, le fait de partager des liens sans avoir le besoin ou la place de développer son propos, permet à l’information d’y circuler de manière très fluide. Le fait que les #hashtags (permettant d’agréger des tweets autour d’un même mot-clé) aient été créés par les utilisateurs et non imposés par la plateforme est caractéristique de l’esprit d’ouverture à l’origine du service (en total contraste avec Facebook).
Sur Instagram, c’est la photo qui est reine. Même s’il est possible de publier des vidéos de 15 secondes sur la plateforme ou d’accompagner ses publications de commentaires à rallonge parfois composé d’une rafale de hashtags, la focale a toujours été la photo : les nombreux filtres proposés sur l’appli dès son lancement sont d’ailleurs responsables de l’engouement mondial pour le service car tout un chacun pouvait, pour la première fois, se targuer de faire des photos réussies / professionnelles.
Même la comparaison selon le critère « d’engagement » (nombre de publications likes, de commentaires ou retweets) n’a pas vraiment de sens dans la mesure où les contenus sont sensiblement différents et qu’il y a une multitude de raisons pour lesquelles des utilisateurs ont une fréquence d’interaction variable (âge moyen, supports de lecture, notifications push, gratification psychologique, fracture technologique et générationnelle etc…). A cela s’ajoutent les critères croisés d’évaluation tels que le choix entre quantité et qualité, retour sur investissement temps et argent sur chaque plateforme à court-terme et long-terme.
La rivalité entre ces deux plateformes repose avant tout sur des critères financiers relatifs aux récentes introductions en Bourse de Twitter et Facebook (à qui appartient Instagram). La pression est énorme pour monétiser ces services et rassurer les investisseurs quant aux sommes colossales injectées et aux montants monstres auxquelles sont valorisées ces sociétés.
La comparaison, si tant est qu’on puisse vraiment utiliser ce terme, se fait donc au détriment des utilisateurs, alors que celles-ci sont sensiblement complémentaires. Vous l’aurez compris, le nombre d’utilisateurs n’est surement pas un critère pertinent à prendre en compte dans l’élaboration de votre stratégie de communication.
Que vous soyez particulier ou structure, artiste ou lieu culturel, les deux questions qui doivent vous préoccuper sont :
– comment utiliser ces outils au service de votre projet (et non pas l’inverse) pour forger un lien privilégié avec le public ?
– comment profiter au mieux des fonctionnalités offertes par chaque réseau afin de diversifier les modes d’interaction avec votre public ?
Les deux réseaux peuvent être harmonieusement conjugués ensemble
Car ces plateformes ne sont pas mutuellement exclusives, bien au contraire. Il y a de nombreux outils pour contourner la rivalité ‘fonctionnelle’ et vous éviter d’en être dépendants.
Mais même sans utiliser des outils géniaux comme IFTTT par exemple (outil d’automatisation de tâches sur le web qui permet, entre autres, de partager ses photos sur les deux plateformes de manière simple et gratuite), cela a vraiment un sens pour vous d’être sur Twitter et Instagram en parallèle. (Tout comme d’autres réseaux, mais c’est une question qu’il faudrait traiter dans un billet ultérieur).
Quel réseau utiliser en priorité selon que l’on est artiste ou lieu culturel ?
L’enjeu d’une communication réussie est d’avoir une ligne éditoriale claire qui reflète fidèlement votre identité et votre univers.
Un lieu culturel (spectacle vivant, musées, lieux patrimoniaux) a des problématiques qui lui sont propres. Il cimente la vie collective et le public se trouve au centre de ses réflexions et de ses actions, parfois même encadrées par une mission de service public. Les réseaux sociaux sont un moyen pour tout lieu culturel de comprendre et gérer le public voire d’adapter sa programmation. Au-delà même de la stricte diffusion d’information, l’opportunité d’atteindre de nouveaux publics. Lors d’une conférence organisée dans un lieu culturel, le live tweet permettra de commenter la conférence en direct, et de déboucher sur des échanges d’idées qui nourriront votre événement au-delà de sa temporalité propre sur Twitter. De même, lors de l’inauguration ou la restauration d’une salle, il y aurait tout intérêt à poster régulièrement des photos sur Instagram avec un filtre spécifique (ou pas) associées à un hashtag récurrent.
L’intérêt de Twitter et Instagram pour les artistes est différent. La temporalité d’une carrière dépend fortement de son actualité (tournées, sorties d’album, promotion…) et à son évolution personnelle et artistique, son parcours de vie, même si au final l’enjeu est toujours de fidéliser son public. Instagram permet d’étoffer l’univers artistique et de comprendre ses influences visuelles, même littéralement voir le monde à travers les yeux de l’artiste. Tandis que Twitter permet de communiquer une pensée, fugace ou non, contextuelle ou pas, d’initier une conversation ou rendre l’artiste plus accessible. Comme Shy’m qui live-tweete : « Je vous entends crier de ma loge… » depuis les coulisses juste avant de monter sur scène. (Résultat: 788 500 fans l’ont suivie en direct/ont rejoint la conversation sur Twitter ce jour-là).
Certes chaque réseau segmente ses utilisateurs par classe d’âge : Twitter touche une cible variée, alors que 30% des utilisateurs d’Instagram ont entre 18 et 29 ans.
Mais ce serait perdre de vue qu’une même personne peut utiliser les deux réseaux pour des raisons différentes. Et si l’on publie des informations identiques au même moment sur les deux plateformes, la redondance de vos contenus et la pauvreté de vos messages poussera les utilisateurs à faire un choix entre vous suivre sur Twitter et Instagram. Poster des contenus divers et variés offre l’avantage de garder le contact entre deux événements, communiquer sur son actualité et surtout nourrir la singularité de son univers artistique sur plusieurs fronts. Qu’il serait dommage de s’en priver…
Pour conclure, on peut souhaiter longue vie à Twitter et à Instagram. Ces deux plateformes se révèlent être des outils incontournables pour constituer une stratégie de communication digitale globale efficace.
Le profil des utilisateurs des différentes plateformes doit vous inscrire dans une démarche réfléchie qui aboutira à une stratégie de communication étudiée en termes de cibles, de types de contenus, de fréquences de publication, et bien d’autres paramètres qui sont à prendre en compte. Pour en savoir plus sur les clés du succès et les pièges à éviter, en théorie, mais aussi en pratique…venez en formation ! (On dit ça, on dit rien)
La prochaine formation pour les artistes « 30 Conseils pratiques sur les réseaux sociaux » aura lieu le 6 mai à l’ACP Manufacture Chanson en partenariat avec l’IRMA.