Carton plein à Reims : rencontre avec Etienne Bouzy et Guillaume Gonthier de La Cartonnerie

C’est à l’est, toute ! que nous vous emmenons aujourd’hui, pour rencontrer Etienne Bouzy et Guillaume Gonthier, respectivement Responsable du centre infos ressource et Responsable de l’accompagnement des pratiques et des publics à La Cartonnerie de Reims.

Ils sont pleins de fougue et fourmillent d’idées, il était donc plus que temps de braquer les projecteurs sur l\’énorme travail qu’ils accomplissent et la multitude d’actions qu’ils mènent au quotidien pour permettre aux artistes de développer leur carrière.

Pouvez-vous nous présenter La Cartonnerie et ce que vous y faites respectivement ?

E. B. : La Cartonnerie de Reims est une salle de musique actuelle labélisée SMAC qui comprend 3 salles de concerts, des studios de répétition et enregistrement, un pôle ressource, un pole d’accompagnement et d’action culturelle, trois bars, un restaurant ouvert les soirs de concerts et un espace d’exposition. C’est aussi et surtout un lieu de rencontre, une fourmilière où se croisent les musiciens amateurs, les artistes confirmés, les curieux, les passionnés… Un lieu où il se passe toujours quelque chose. C’est également un lieu qui soutient la création et la scène locale à travers des dispositifs d’accompagnement et des résidences d’artistes régionaux, nationaux et internationaux. Un lieu de projets et d’actions avec des événements variés comme notamment le festival Elektricity ou plus récemment le Teenage Kicks…

Pour ma part, j’ai la responsabilité du centre infos ressource « Le Kiosque ». C\’est une interface entre toutes les composantes du monde de la musique, un lieu d’échange et d’outillage pour la structuration des pratiques et des professions. En d’autres termes, j’informe et j’oriente les musiciens et autres divers porteurs de projets liés à la musique dans leur développement de projet, de façon à ce qu’ils trouvent toutes les infos nécessaires et la bonne méthode pour réussir dans ce milieu réputé difficile. J’organise aussi des ateliers pratiques, des rencontres-conférences et des projections et bientôt un stage de création de plusieurs jours pour des musiciens, beatmakers en musique électronique.

G. G. : Je suis quant à moi responsable de l’accompagnement des pratiques et des publics, c’est-à-dire que je coordonne l’action de mes collègues en charge de l’action culturelle, du centre info ressource (Etienne donc !), des studios de répétions et d’enregistrement et du pôle numérique et multimédia. On l’appelle le secteur « hyperActivité » car chacun propose une foule d’ateliers pratiques, de rencontre et d’événements qui se tiennent dans ou hors les murs de la salle et qui sont tournés vers un panel très large de publics : en situation de handicap ou d’exclusion, de la maternelle aux étudiants, en passant par les maisons de retraite ou les maisons d’arrêt, avec une prédominance pour les musiciens et acteurs des musiques bien sûr ! Notre rôle est autant d’aider ces derniers à atteindre leurs objectifs, que de sensibiliser un maximum de nos concitoyens à la diversité des musiques actuelles, artistiquement et professionnellement.  

En quoi consiste l’accompagnement de la Cartonnerie pour les artistes ? Et quelles sont les modalités/la marche à suivre pour être accompagnés ?

E. B. : Je laisse répondre Guillaume dont c’est le métier de tous les jours…

G. G. : L’accompagnement chez nous se fait de manière graduelle, à travers différents dispositifs qui permettent aux groupes de monter en puissance en s’adaptant progressivement à leurs besoins. Ces besoins doivent être diagnostiqués et validés par les deux parties, c’est fondamental. Pour pouvoir postuler à un accompagnement il faut que la moitié du groupe soit basé en Champagne-Ardenne. Nous retenons les projets accompagnés selon 3 critères principaux : la qualité du répertoire, l’ambition et implication, et la marge de progression. 

Les dispositifs que nous proposons vont du soutien à la répétition, la base de la base, jusqu’à l’appui au développement national des groupes. On a appelé ce dernier « Full Support » et l’idée est de pouvoir continuer à collaborer avec l’entourage professionnel des artistes tant qu’ils en auront besoin. Nous travaillons donc aussi bien sur l’actuelle relève de ce qu’on a appelé la « scène rémoise » – qui est désormais aussi ardennaise – que sur les tous jeunes projets en devenir. Je collabore avec bon nombre de mes collègues, et en particulier Etienne, pour donner aux artistes les clefs de leur développement – depuis la stratégie générale jusqu’au démarchage des professionnels en passant par la communication – et tâcher de leur présenter les acteurs qui pourront s’investir sur le projet (techniciens, vidéastes, tourneur, label etc.). En résumé, je suis là pour les aider à professionnaliser au maximum toutes les démarches qu’ils ont à effectuer eux-mêmes, dans l’espoir qu’ils trouveront les collaborateurs adéquats le moment venu !

Le dispositif regroupe pour cette année des artistes comme Angel, Fishbach (tous 2 brillants lauréats des Inouïs du Printemps de Bourges, fierté !), Black Bones ou Baptizein & Secret Yolk.

Le centre de ressources de la Cartonnerie est particulièrement riche et vivant, pouvez-vous nous en dire plus sur les ateliers que vous organisez et les prochains à venir ?

E. B. : Effectivement nous organisons des ateliers intitulés « Work In Progress » ou des « Workshop-Meeting » tout au long de l’année. Nous proposons des thématiques très diverses sur des sujets liés aux problématiques fréquemment rencontrées par la plupart des musiciens dans leur début de développement comme, par exemple, la communication sur le web, les méthodes de démarchage pour trouver des dates ou encore comment monter son propre label et bien plus encore… Ce sont des ateliers gratuits ouvert à tous qui se déroulent plutôt de façon conviviales. 

Nous organisons également 1 projection de film/documentaire une fois par trimestre et la prochaine se fera sur la scène exterieur de La Cartonnerie le week-end de la Fête de la musique. Nous travaillons aussi en ce moment sur une nouvelle forme d’atelier orienté comme un stage de création avec des rencontres, des masterclass, des interventions de professionnels répartis sur des temps « pro » pour des artistes du champ des musiques électroniques et beatmaking, ainsi que des temps « publics » gratuits et ouverts à tous en fin de journée.  Pour connaître les prochains ateliers à venir, je vous invite à regarder cette petite vidéo…

G. G. : Tout est dit ! L’idée est de se remettre continuellement en question pour rester en phase avec l’actualité des musiques actuelles et avec les évolutions technologiques et numériques qui changent les pratiques des musiciens et des acteurs.

Comment décririez-vous la scène musicale émergente rémoise et ce qu’elle a de si particulier ? Vous avez eu 4 artistes au Printemps de Bourges : pourriez-vous partager le nom de quelques artistes prometteurs ou confirmés qui en sont issus ?

E. B. : Nous avons la chance d’avoir un vivier d’artistes musiciens talentueux à Reims et dans les Ardennes. Il y a comme une sorte de pépinière naturelle d’artistes qui se connaissent, jouent et s’entraident beaucoup les uns et les autres. Ce qui crée un bon leitmotiv’ et pousse le niveau de tout le monde vers le haut. C’est vraiment très plaisant et assez rare de voir à quel point ces musiciens se soutiennent les uns les autres. Après les artistes nationalement et mondialement reconnus comme Brodinski, Barcella, The Shoes ou encore Alb, la relève est en train d’arriver à grand pas avec Fishbach, Black Bones, Remo ou plus récemment Puzupuzu. Stay tuned J

G. G. : J’en reviens et c’est bien 6 artistes de notre écurie qui étaient à Bourges ! [NDLR : Au temps pour nous !] Une année exceptionnelle, nous avons toujours depuis plusieurs années un artiste lauréat des Inouïs, mais cette fois nous avions Angel projet solo d’Anthonin Ternant – très prolixe ex leader des The Bewitched Hands – et Fishbach que nous soutenons depuis son tout premier projet. Pour avoir davantage d’opportunités de diffuser tous nos supers artistes, nous avons lancé, en collaboration avec le bureau de presse Zakzik et deux autres salles, l’opération « Bandes de Bourges » : dans un chouette spot nous avons pu montrer aux festivalier professionnels Baptizein & Secret Yolk, un groupe garage rock impressionnant en live, Judy, magnifique projet pop-électro et Puzupuzu, vrai renouveau de la scène électro. Anthonin était aussi présent avec son groupe Black Bones, un projet complément dingue qui prend sur scène la forme d’une équipe de baseball zombie mexicaine ! La Cartonnerie s’est bien bou(r)gée !

Si vous vouliez rajouter quelque chose, que diriez-vous ?

E. B. : Merci Emily, merci nüagency et n’hésitez pas à venir nous faire un coucou à La Cartonnerie quand vous voulez ! Bisous !

G. G. : Merci de votre intérêt pour notre travail ! On aime faire découvrir nos artistes !

(c) Propos recueillis par Emily Gonneau

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