Les 13 et 14 septembre derniers, Emily s’est rendue à Lille pour donner deux jours de formations sur les stratégies numériques pour les artistes au FLOW, dans le cadre du programme de formations porté par Filage. Cette belle structure, équipement de la ville de Lille, est 100% dédié aux cultures urbaines. Emily a donc rencontré pendant ces deux jours les rappeurs et artistes urbains accompagnés par le FLOW, et toute l’équipe. Un véritable bon moment pour tout le monde ! L’occasion également de mieux faire connaître cette structure inédite en France… Nous avons donc rencontré Sylvain Desplanques, chef de projet, qui nous a parlé de son travail, de l’accompagnement des artistes, des initiatives pour soutenir les artistes dans leur diffusion. Et on finit sur la recommandation de trois belles pépites made in Hauts-de-France !
Peux-tu présenter le FLOW et ce que tu y fais ?
Le Flow est le premier lieu culturel dédié aux cultures urbaines. Ouvert depuis octobre 2014, nous accueillons et accompagnons de nombreux artistes de la région et de la France entière dans tous les domaines du hip hop : rap, danse, graffiti, beatbox, dj’ing…
Le Flow a plusieurs missions : l’accompagnement, la formation, la mise en réseau, la pratique et la diffusion des projets que nous soutenons. Autre spécificité, nous avons un centre ressource qui a pour objectif de faire connaître au plus grand monde la culture hip hop dans toute sa diversité.
Moi-même, je suis Sylvain Desplanques, chargé de projet au Flow. Je suis donc chargé de suivre les artistes que nous soutenons, les mettre en réseau sur le territoire, monter des formations, assurer la programmation sur certains événements… tout ça en collaboration notamment avec Malik Moujouil, mon collègue qui gère le centre ressource.
Le FLOW est l’une des rares structures en France, soutenue par les institutions locales, à œuvrer uniquement pour la diffusion des cultures urbaines, tous domaines confondus. En quoi est-ce important aujourd’hui ?
Le Flow a été pensé au début des années 2000, devant un constat simple : à l’époque, les SMAC, les CCN, et les autres structures de soutien aux artistes ne soutenez que très peu le hip hop.
La structure a donc été imaginée comme une solution à ce manque, pour être le lieu-ressource des artistes hip hop de la région évidemment, mais aussi au niveau national.
Même si depuis le contexte a évolué (notamment sur le rap, très à la mode, donc « plus aidé ), le constat reste le même et nous sommes très sollicités par des artistes très différents mais tous issus de cette culture hip hop toujours aussi riche.
Malik Moujouil, Laurie Decauchy, Naïma Gaye et Sylvain Desplanques
Quels sont les dispositifs d’accompagnement proposés au FLOW, à qui s’adressent-ils et comment candidater ?
Dans chaque domaine, nous travaillons différemment, car les rappeurs ne sont pas aussi structurés que les danseurs ou les graffeurs et inversement… Et dans chaque discipline, nous tenons à tenir une démarche personnalisée pour chaque projet.
Nous soutenons principalement des artistes amateurs et/ou en voie de professionnalisation, dans l’ensemble des domaines.
Nous proposons différents suivis, de l’accueil studio à l’accueil en résidence avec techniciens, des systèmes de « bourses » sur certains projets, de la mise en réseau, des résidences longues pour le graffiti avec action dans le quartier… bref !
Les candidatures pour le tremplin Buzz Booster se terminent le 23 septembre, avant la grande finale en février prochain au FLOW : à qui s’adresse ce tremplin ? D’autres tremplins sont-ils prévus cette année ?
Buzz Booster est très clairement notre projet phare en rap. Ce tremplin va fêter cette année sa dixième édition. Construit lui aussi en réaction à un manque de soutien au rap à l’époque, nous travaillons aujourd’hui avec 10 régions pour porter le meilleur du rap dans chacun de nos territoires. De notre côté, nous travaillons avec l’association Secteur 7 et la Grange à Musique à Creil sur ce dispositif qui est un vrai tremplin de performance scénique, dans un vrai esprit hip hop.
Il est dédié à tous les rappeurs et groupes de rap amateurs et/ou en voie de professionnalisation, et nous sommes heureux de voir qu’au niveau national comme au niveau régional, le niveau global augmente chaque année !
Nous portons un autre tremplin avec l’association So Street qui est plutôt un tremplin de « repérage ». C’est le Kick AS Contest : tremplin de performance vidéo. Chaque année, nous avons de très bonnes surprises, et les gagnants jouent durant notre événement le plus important de l’année : RENDEZ-VOUS HIP HOP.
Peux-tu aussi nous parler du Crossroads Festival et de son importance pour les artistes urbains des Hauts de France ?
Le hip hop est encore très peu présent dans ce jeune festival de découverte à visée principalement professionnel. Mais cette année, nous avons réussi à envoyer 2 groupes, et d’autres structures ont aussi proposé des groupes de rap. C’est bien !
Ce festival est un événement qui priorise la mise en réseau et la formation, il était donc fondamental que des artistes urbains y soient, pour être diffusé devant des pros de la France entière ! Et nous allons continuer à défendre la place du hip hop dans ce festival.
Emily a récemment donné une formation « Musique et Stratégies Numériques » pour les artistes accompagnés au FLOW. Le module a été complet très rapidement : quels sont les enjeux récurrents du numérique dont ils te font part ?
Aujourd’hui, de nombreux rappeurs pensent plus à leurs « followers » et leurs « vues » qu’au développement de leur projet scénique ou artistique. Notre rôle, c’est de replacer la communication numérique au centre d’un tout. Le rap, pour nous, c’est encore et malgré tout la scène avant tout…
D’où ce cycle de formation que nous avons lancé pour un petit nombre de rappeurs-ses que nous suivons particulièrement depuis quelques mois. Et forcément, dans leur demande, la communication avait une grande place… Et même s’ils pensaient être forts dans ce domaine, Emily leur a apporté beaucoup de choses et a déconstruit toutes leurs croyances !
Et j’ai bien envie de faire revenir Emily en 2019 sur des formations encore plus précises. En tous cas, nos artistes accompagnées la redemande !
Vient de se terminer un cycle « Ladies In Rap » avec des concerts d’artistes femmes et des apéros dédiés, ouvert à tous pour certaines ou réservés aux femmes pour d’autres. En quoi ce sujet t’a-t-il paru important ? Est-ce que d’autres cycles thématiques sont prévus pour cette saison ?
Le cycle « Ladies in rap » existe depuis l’an dernier. Cela nous semble important, avec les partenaires de cette date (Cave aux Poètes / So Street) de mettre en avant la pratique féminine du rap, toujours minoritaire et même parfois bêtement contestée. Et en faire notre premier événement de l’année est un signe fort.
Mais nous souhaitons aller plus loin qu’un simple focus : hors de question de faire une date 100% féminine et de programmer que des hommes durant toute la saison ! On a donc bien travaillé à la visibilité du rap féminin en 2017-2018, mais nous souhaitons augmenter cette présence sur la saison à venir, dans le rap, mais aussi dans les autres disciplines.
Nous ne travaillons pas toujours par thématique, bien que des « temps forts » sont évidemment créés. Nous aimons aussi les « one-shots », et on peut se le permettre, via notre centre ressource. Par exemple, le 16 octobre prochain, on met en avant le mouvement « goons », mouvement de rappeurs blancs et juifs de New York !
Mais nous avons évidemment d’autres cycles qui vont arriver en 2019. On a déjà un festival de danse hip hop « Hip Open Dance Festival » qui va se dérouler du 25 janvier au 10 février… et forcément, on va parler et voir beaucoup de danses autour de cet événement. Mais on aura des temps autour du beatbox, du rap d’Amérique du Sud, du beatmaking…
Entre l’accompagnement et la scène, tu côtoies au quotidien de nombreux artistes. Pourrais-tu nous recommander quelques pépites à découvrir d’urgence ?
Toujours difficile d’en choisir !
Mais si je devais en donner 3, je dirais :
– Balao, un rappeur que l’on soutient depuis un an maintenant, avec une voix et un flow unique. Et c’est tout son crew « Northface Record » que l’on soutient, avec d’autres rappeurs, un beatmakeur génial du nom de Lucci, un DJ…
– Sarah Bidaw, une danseuse lilloise qui a déjà fait le tour du monde dans les battle et qui développe son premier solo que l’on diffusera chez nous le 26 janvier prochain ! Elle développe un style très personnel, mélangeant house dance et danses orientales.
– Le duo Ours Samplus, duo de beatmakeur lillois à la trajectoire improbable : avant même de penser un projet de carrière, ils avaient déjà plusieurs millions de vues sur YouTube ! Ils proposent un trip hop ultra bien produit, très chouette sur scène. Premier album sorti cette année, et ils commencent à bien tourner en 2018 après avoir fait leur première vraie date de concert chez nous début 2016 !
Un dernier mot pour la fin ?
Comme je l’ai dit plus haut : on se revoit bientôt au Flow pour d’autres formations ?
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