En octobre et en novembre, nous allons intervenir sur des ateliers au Centre National de la Danse à Pantin (93) pour parler des réseaux sociaux et de la culture Internet. La danse a ses codes et son fonctionnement propres, néanmoins les ponts avec la musique sont nombreux. Depuis quelques années, nous intervenons d’ailleurs au CIFAP auprès d’acteurs du spectacle vivant, tous domaines confondus dont la danse, et la collaboration avec cette institution en est le prolongement logique. Crée en 2004, le CN D est donc le lieu physique, à Pantin en Seine-Saint-Denis, et le lieu numérique, sur son site Internet, où tou.te.s les professionnel.le.s de la danse peuvent se rencontrer, échanger, se former et accéder à tout types de ressources. Avant d’intervenir pour ces trois ateliers, nous avons donc rencontré Emmanuelle Queyroy, la directrice adjointe du département des ressources professionnelles. Elle nous en a dit plus sur les missions du CN D, l’importance de la communication digitale à l’heure du COVID-19 pour les danseur.se.s, les compagnies, les chorégraphes, etc. et y a même glissé quelques recommandations dansantes !
Pouvez-vous présenter votre parcours et vos activités aujourd’hui ?
Après des études de philosophie et de cinéma, mon parcours professionnel m’a amenée à travailler dans différents champs du secteur culturel : l’audiovisuel tout d’abord et la production d’émissions culturelles et éducatives pour la télévision, et, après un rapide passage dans l’édition, le spectacle vivant.
Je suis actuellement adjointe de la directrice du département des ressources professionnelles au CN D, où j’ai la charge de la mise en œuvre de la mission d’information et d’accompagnement auprès des professionnels du secteur chorégraphique.
Quelles sont les missions du CN D aujourd’hui et à qui s’adresse cette institution ?
Établissement public créé à l’initiative du ministère de la culture, le CN D est un lieu unique au service de la danse rassemblant l’ensemble des ressources liées au secteur chorégraphique : information et accompagnement des danseurs, compagnies, lieux de diffusion, établissements d’enseignement de la danse ; formation des danseurs professionnels ; aide à la recherche ; conservation et diffusion du patrimoine chorégraphique ; mais aussi soutien de la création d’œuvres chorégraphiques dans toutes leurs diversités (programmation, artistes associés).
Le CN D est un lieu ressource important et propose de nombreuses formations et ateliers de professionnalisation : comment s’est développé cette offre et à qui s’adresse-t-elle ?
Au sein du CN D, cette offre est proposée par deux départements : le département formation pour la formation au diplôme d’état de professeur de danse, les formations et entrainements de danseurs, et des formations autour du métier de chorégraphe ou de la médiation.Et le département des ressources professionnelles, qui informe et accompagne l’ensemble des professionnels du secteur, sur des questions juridiques, ou touchant aux métiers et parcours, mais aussi à la santé. Le développement de l’espace co-working a amené le développement de notre offre vers les questions plus entrepreneuriales. Nous proposons à la fois de la ressource (comme avec nos fiches pratiques, en ligne sur le site), de l’information selon différentes modalités (réponse à toute question professionnelle en RDV ou lors de nos ouvertures au public tous les après-midis, programmation de conférences et d’ateliers tout au long de l’année), et de la mise à disposition d’espaces (coworking, bureau des pros, atelier santé). Nous diffusons aussi une lettre mensuelle des appels à projets, un document hebdomadaire présentant les offres d’emploi et d’auditions dans le secteur. Depuis le confinement, et pour répondre à un nouveau besoin lié à l’actualité, nous avons mis en place un « fil d’information et d’appui au secteur chorégraphique », que nous mettons à jour à chaque actualité sur le site du CN D.
La question COVID-19 : quels sont les enjeux auxquels sont confrontés les acteurs de la danse en ce moment ?
Le premier enjeu a été de connaître, comprendre et savoir mettre en œuvre les informations réglementaires et professionnelles (et leur rapides évolutions !), ainsi que d’identifier les dispositifs mis en place par le gouvernement, les collectivités et les organisations professionnelles pour soutenir le secteur.
La question de la santé et de la condition physique est aussi un enjeu important et spécifique pour le champ chorégraphique, comme pour les circassiens (le CN D a ainsi produit des « capsules vidéo », en ligne sur notre site, pour diffuser les conseils de médecins et kinés spécialistes du sport et de la danse).
Enfin, les difficultés rencontrées sont les mêmes que pour l’ensemble du spectacle vivant (maintenir l’emploi, faire face à l’annulation et au report de spectacles, …), avec la particularité des recommandations sanitaires qui impactent considérablement la danse (depuis les conditions de répétition jusqu’aux conditions de spectacle et de représentation, en passant par les conditions d’ouverture pour les écoles de danse, …). Les enjeux sont à la fois économiques et sociaux.
nüagency organise trois ateliers sur la culture internet, l’identité artistique et les réseaux sociaux en octobre et novembre. En quoi ces thèmes vous ont-ils paru importants à aborder pour les acteurs de la danse ?
Cette thématique est moins abordée dans le secteur de la danse que, par exemple, celui de la musique. Les danseurs sont pourtant très investis individuellement sur les réseaux sociaux, et souvent plus « nomades » que dans d’autres secteurs comme le théâtre. Nous avons fait le constat, lors de nos différents entretiens, d’un manque de maîtrise de ces outils, en particulier par les compagnies de danse. La crise sanitaire est venue accentuer ces besoins de maîtrise des outils numériques et de leur adaptation à chaque projet.
Avez-vous un ou plusieurs exemples d’acteurs de la danse (compagnies, chorégraphes) qui ont mis en place une stratégie numérique intéressante selon vous ?
L’exemple qui vient tout de suite, dans le secteur, est celui de (La) Horde, un collectif d’artistes très investi sur ces questions de numérique et réseaux sociaux, qui a pris la direction du Ballet national de Marseille. Mais on peut aussi penser à certaines compagnies « établies et reconnues » qui ont une présence maîtrisée et adaptée sur le net, comme la compagnie Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker en Belgique.
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