Rendez-vous aujourd’hui dans le sud de la France, pour rencontrer Cendryne Roé, directrice de Nomades Kultur. Structure nomade, toujours en mouvement, à l’affût de nouvelles pépites artistiques, Nomades Kultur est spécialisée dans les musiques du monde, et particulièrement le flamenco. Avis à tous les aficionados, cette année sera riche en flamenco !
Pouvez-vous nous présenter Nomades Kultur et ce que vous y faîtes ?
Cendryne Roé : Nomades Kultur existe déjà depuis 16 ans. A la base, nous étions un collectif d’artistes, puis nous sommes devenus une structure de production de spectacles, spécialisée dans le flamenco et les musiques du monde. Nous produisons tout un catalogue d’artistes, en France et à l’international. J’effectue par ailleurs le management de Juan Carmona, pour lequel je gère sa carrière à l’international.
Comme notre nom l’indique, nous sommes une structure nomade : nous avons plusieurs activités. Nous sommes à la fois producteur, tourneur, manager, et également organisateurs d’événements, avec le festival Nuit Flamencas.
De plus, nous œuvrons également pour la création locale : nous avons créée il y a 15 ans une pépinière d’artistes pour « apporter de l’engrais musical pour les musiciens en herbe », soit apporter modestement notre aide et notre savoir aux jeunes artistes, de tous genres musicaux.
Enfin, je suis également formatrice depuis plus de 20 ans, sur des sujets comme la circulation des artistes à l’international et les contrats de spectacle.
Vous faites à la fois de la production et du management de nombreux artistes flamenco, aussi bien musiciens que danseurs. Est-ce un choix délibéré ou le fruit du hasard ?
CR : En réalité, il n’y a pas de choix à faire. Le flamenco est un tryptique, composé du chant, de la danse et de la guitare. L’histoire du flamenco fait que ces trois disciplines sont indissociables. Par ailleurs, lorsque Juan Carmona se produit avec en formation, il y a toujours un chanteur et un danseur au sein du septet.
Vous organisez depuis 10 ans le Festival « Nuit Flamencas » qui se tient en juillet dans le sud de la France : quelle est la genèse de ce projet et quelle est son importance pour la scène musicale flamenco (en France et/ou international) ?
CR : En 2006, Juan Carmona était programmé pour son spectacle Sinfonia Flamenca sur la scène nationale de Chateauvallon, dans le Var. A la fin du concert, le programmateur lui a proposé de travailler avec lui sur la scène de Chateauvallon, et Juan a soumis l’idée de créer un festival de flamenco. La première édition des Nuits Flamencas a été un véritable succès, si bien que le festival est devenu nomade avec une édition à Cannes au Palais des Festivals, et une autre à Aubagne, dans le Parc Jean Moulin. Juan Carmona est toujours le directeur artistique de ces trois éditions.
Notre itinérance est attractive pour le public : les éditions sont différentes, et le public a la possibilité de découvrir des nouveaux artistes et des spectacles différents dans chaque ville qui accueille le festival.
Le flamenco fait partie des musiques du monde, et pourtant peu de festivals lui sont consacrés. Ce festival est un succès depuis sa création, nous sommes complets tous les ans, et nous remarquons que le public nous suit d’année en année et de toute la France ! Les Nuits Flamencas sont devenus un véritable rendez-vous pour les aficionados.
Vous produisez et managez Juan Carmona, l’un des meilleurs guitaristes de flamenco de sa génération, qui a une actu forte en cette rentrée : nouvel album le 23 septembre et une tournée mondiale dans la foulée. Pouvez-vous nous en dire plus ?
CR : Avant même la sortie de « Perla de Oriente » le 23 septembre prochain, Juan Carmona a déjà joué en Italie, et au Festival Nomades à Bordeaux, festival dont il est le parrain. Il y a donné un concert chaâbi-flamenco avec Ptit Moh : un aperçu du prochain album à venir dans deux ans 😉
Du 29 septembre au 1er octobre, il sera en Corée du Sud, où il ouvrira notamment le SoriFest à Jeonju. D’ailleurs, 2016 est l’année France-Corée et Juan Carmona va y représenter la France. L’Asie a une place particulière dans la carrière de Juan : l’album « Perla de Oriente » a été enregistré suite à sa dernière tournée en Asie, et est imaginé comme un carnet de route musical entre la Corée du Sud, Taïwan et la Chine.
Et le 25 octobre, il donnera un concert exceptionnel au New Morning à Paris ! La tournée redémarrera à partir de janvier 2017 jusqu’à l’été.
Vous avez partagé votre riche expérience en publiant chez l’IRMA un guide pratique sur « La circulation internationale du spectacle ». En quoi la production d’artistes à l’étranger, notamment pour le flamenco, est-elle si particulière
CR : J’ai toujours été intéressée par cette thématique, et j’ai d’ailleurs réalisé mon mémoire universitaire sur cette thématique. Après 20 ans de formation où j’ai pu entendre des milliers de témoignages, j’ai eu l’opportunité d’écrire un livre sur la circulation internationale des artistes étrangers.
Ce livre est d’ailleurs toujours d’actualité. Que ce soit en termes de fiscalité, ou bien de visas et avec le contexte géopolitique actuel, la production d’artistes à l’étranger, pas seulement de flamenco, est toujours spécifique.
Côté web : comment envisagez-vous la communication digitale pour le flamenco et quels étaient les enjeux de la mission confiée à nüagency cet été ? Y avait-il un réseau social qui vous importait particulièrement ou aviez-vous une approche globale ?
CR : Nous avons vite constaté que notre présence sur les réseaux sociaux n’était pas suffisante. Moi-même, ce n’est pas mon truc, mais je suis convaincue que c’est primordial aujourd’hui.
Nous sommes très efficaces sur la communication classique, et nous devions apporter la même importance à la communication digitale. Même si nos artistes sont déjà très présents sur le net, nous avons fait appel à Nüagency pour mettre en place une stratégie web, pour communiquer plus intelligemment et de manière plus efficace à notre public.
Un dernier mot à rajouter ?
CR : Que le public réserve un bel accueil au nouvel album de Juan Carmona, « Perla de Oriente », qui est une véritable pépite musicale !
(c) Propos recueillis par Clara Pillet
Le recap des infos :
– Nomades Kultur : site internet, Facebook
– Juan Carmona : site internet, Facebook, Twitter, et YouTube.
